5 octobre 2016

Une bouche sans personne de Gilles Marchand




            Je remercie encore une fois l’enseigne Cultura pour m’avoir permis de lire ce roman « Talents à découvrir ». Cette lecture est pour moi LA découverte de la rentrée, LE roman à lire ! Dans ce premier roman de Gilles Marchand, nous rencontrons un homme très fantaisiste mais à l’allure étrange : il porte sans cesse une écharpe. Sous cette écharpe se cache une cicatrice. Quelle est son histoire ?
« L’écharpe m’a permis de masquer cette différence. Elle soulève d’autres questions, mais il est plus facile de vivre avec des questions qu’avec une différence. »
            L’Homme est comptable, a une vie parfaitement rodée, croise tous les soirs la femme et son chien en allant au bar, boire un café avec ses amis. Tous les soirs, ils discutent, de tout et de rien ; surtout pas d’eux. Ils ne connaissent rien de la vie des uns et des autres. Jusqu’au soir où l’Homme commence à se raconter. Chaque soir, ils sont un peu plus nombreux pour venir l’écouter parler de Pierre-Jean, son grand-père.

            La fantaisie de l’auteur commence dès la première page avec la numérotation du chapitre premier qui est en fait, le « Chapitre 0 ». S’en suit la poésie de l’écriture :

« J’ai un poème et une cicatrice. (…) Voilà mon armoire à souvenirs. J’ai pris soin de la cadenasser solidement et, la plupart du temps, cela marche. (…) Mais les cadenas sont fragiles et il est impossible d’oublier une cicatrice lorsque celle-ci fait office de masque que l’on ne peut retirer. ». 

            A partir de là, je me suis dit que j’allais aimer. Les premières lignes sont cruciales pour un roman et ça a tout de suite fonctionné avec moi. Ces deux facettes de l’œuvre : fantaisie et poésie sont pour moi les deux points forts.

            A travers les lignes, on lit du Boris Vian, du Romain Gary et on découvre du Amélie Poulain. Les émotions nous submergent alors que le narrateur est discret et secret. Il ne se prend pas souvent au sérieux, bien souvent il fait de l’esprit et ses propos sont toujours profonds. Le roman se déroule au XXè siècle à Paris et a pour toile de fond la Seconde Guerre mondiale. J’ai aimé l’Homme pour son histoire, son caractère extraordinaire ; son grand-père pour sa philosophie : l’époque est bien trop difficile pour tout prendre au sérieux. Et j’ai adoré ses amis du bar : Lisa, Thomas, Sam et sa mère pour ses lettres complètement folles. Ce sont des petits morceaux de guimauves.

            Ce roman est plus qu’un petit secret bien gardé entre un homme et son grand-père. Ce roman est un hommage, une histoire racontée légèrement avec beaucoup de philosophie. Gilles Marchand est un grand conteur !

 


Gilles MARCHAND, Une bouche sans personne, 2016, Ed. Les Forges Vulcain, 260p.

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