24 septembre 2016

Avant que naisse la forêt de Jérôme Chantreau


Aujourd’hui, je vous présente un roman lu grâce à l’enseigne Cultura. En bref, à chaque rentrée littéraire, Cultura met en avant 5 ou 6 « Talents à découvrir ». Cette année, comme depuis deux ans, je suis conviée à Paris pour la remise des prix. Je les en remercie chaleureusement de m'offrir cette opportunité


Avant que naisse la forêt m’a beaucoup attiré. Son titre m'a interpellé mais aussi son résumé : la mort d’une mère est un sujet qui m’interroge, qui m’intrigue. Comment les personnages parviennent à surmonter la mort de celle à qui nous devons tout ? Et comment chacun réagit face à cette tragédie ?

L’histoire commence un jeudi matin, Albert et sa femme sont encore au lit lorsque le téléphone sonne. Il ne répond pas, sa tante lui laisse un message : « Ta mère est morte. ». S’en suit alors toutes les formalités et la crémation. Mais Albert ne parvient pas à la laisser partir. A chaque instant, qu'importe la pièce où il se trouve, il porte sur lui l'urne de sa mère. En étant sur place, Albert pense que ce sera plus simple. Alors il reste en Mayenne, dans la maison de son enfance. Mais sa tante, qui est restée 15 ans ici, le prévient : « … essaie de ne pas faire pareil ! ». Que cache cette maison, cette forêt ? Qui est cet ermite ? Quels sont les bruits qu’il entend à la nuit tombée ?

Je suis tout de suite entrée dans l’histoire grâce à l’écriture de l’auteur tout d’abord mais aussi grâce aux chapitres courts qui nous donnent envie d’en lire un de plus. Vous connaissez le syndrome « Allez, encore un et au lit ! » ? Les pages filent et la trame devient de plus en plus intrigante ! Albert, comme intermédiaire nous raconte l’histoire de sa mère et nous finissons par la connaitre comme si nous l’avions rencontrée. Il nous dépeint aussi son enfance et ses instants passés dans cette maison.

La véritable quête d’Albert, celle qui le pousse à rester en Mayenne est de trouver une musique pour l’enterrement de sa mère. La musique qui la représente le mieux et pour cela il doit écouter les vieux vinyles, fouiller les pièces et les placards et retourner à l’état primitif. Il ne fume plus, il mange ce que la nature lui offre et finit par vivre dans un lieu vidé de tout surplus.

La maison devient un personnage omniprésent tout comme la forêt qui occupe une place très importante dans ce roman. L’auteur la décrit si bien que nous avons l’impression d’y être, d’entendre les feuilles craquer sous nos pas, de sentir l’odeur de l’humus, de voir le vent filer entre les branches. Vous vous en doutez, ce fut une lecture idéale pour se préparer à l’arrivée de l’automne. La nature reprend ses droits. Sur la forêt mais aussi sur l’homme que devient Albert. 

La référence littéraire la plus présente dans ce roman est la madeleine de Proust. A chaque son entendu et à chaque pas franchit dans les pièces où plus personne n’allait, Albert retrouve un souvenir. 

« En divaguant, j’ai posé mon regard sur le yucca près de la baie vitrée. C’est une vieille plante grasse qui subsiste de notre vie parisienne (…)  J’ai fermé à demi les paupières et l’instant d’après, mon esprit s’est mis en route comme s’il quittait mon enveloppe charnelle. Je pouvais respirer les odeurs de moquette, de l’appartement et entendre les voitures dans la rue de Naples (…) »

Ce sont sans cesse des souvenirs qui lui reviennent et ce roman est un quasi monologue du début à la fin. Et pourtant, je ne me suis pas ennuyée une seconde. L’auteur m’a fait réfléchir sur la perte d’un être cher. La difficulté, le refus de dire au revoir et l’apprentissage de soi-même.

Une sublime découverte de cette rentrée littéraire !

 


Jérôme CHANTREAU, Avant que naisse la forêt, 2016, Ed. Les Escales, 224p.

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